Du 4 mai 2022 et pour une durée d'une dizaine de jours, l'US Navy a déployé sur la Base d'Aéronautique Navale de Landivisiau sept avions du Carrier Air Wing 1 (CVW-1) habituellement embarqués sur le porte-avions USS Harry Truman (CVN-75) qui naviguait en Méditerranée occidentale. 

Cet entraînement avec les Rafale M de la BAN se fit à l'aide d'une flotte mixte de quatre F/A-18E Super Hornet, deux modèles biplace F/A-18F et enfin un unique EA-18G Growler de guerre électronique.

Des liens forts entre la Navy et la Marine

La relation entre l'US Navy et l'Aéronautique Navale est ancienne et solide. Travailler ensemble est devenu commun pour ces deux forces. Depuis de nombreuses années maintenant, les avions à cocarde marine vont opérer de temps en temps sur des porte-avions américains. Au-delà du maintien de l’inter-polarité entre ces deux marines, ceci permit, par le passé, à nos marins du ciel de conserver leur qualification aux opérations embarquées lors des périodes d'indisponibilité de l'unique porte-avions français.

D'autre part, le cursus «full US» des pilotes de Rafale et Hawkeye offre la possibilité que des relations d'amitié franco-américaines s'étant tissées durant la formation à NAS Meridian perdurent dans le temps. Il n'est ainsi pas rare que des postes de commandements au sein des flottilles des deux côtés de l'Atlantique soient assurés par des personnels ayant partagés une formation commune. Cette «proximité» et ces liens permettent parfois de rendre plus facile la mise en place de ce type d'exercice commun.

Lors du mois de mars 2022 des Rafale M se posèrent sur un porte-avions des Etats-Unis quand dans le même temps des Super Hornet leur rendaient la pareille sur le Charles de Gaulle. Le «supercarrier» en question? Le Truman, qui donc deux mois plus tard envoya quelques-uns de ses avions se poser en Bretagne. Nul doute qu’en cette occasion quelques échanges eurent lieu dans l'optique de ce déploiement!

Carrier Air Wing One in the pays du Léon

Dans le détail, le CVW-1 déploya en terres finistériennes, deux F/A-18F de la VFA-11 «Red Rippers», une unité qui troqua le mythique F-14 Tomcat pour le «Superbug» en 2005. La VFA-211 «Fighting Checkmates» envoya deux F/A-18E dont le CAG bird, à savoir l'avion du patron de l'unité qui  habituellement est celle portant une décoration haute visibilité. A noter que cet escadron a la particularité d'avoir cédé en 2020 ses biplaces qu'elle avait depuis 2004 pour des monoplaces. En effet au sein de l'US Navy les escadrons de Super Hornet sont complètement équipés de monoplaces ou de biplaces, mais il n'existe pas de panachage des deux modèles au sein d'une VFA. Deux autres F/A-18E étaient présents, un de la VFA-81 «Sunliners», et un autre de la VFA-34 «Blue Blasters» qui ne passa sur Super qu'en 2019 après avoir eu l'honneur d'être la dernière unité de l'US Navy sur «legacy» Hornet (F/A-18C) et à avoir été déployée sur un porte-avions.

Toutes ces unités sont habituellement stationnées à NAS Oceana sur la côte Est américaine.

Enfin dernier invité en Bretagne, un EA-18G Growler de la VAQ-137. Ces escadrons de guerre électronique sont tous basés à NAS Whidbey Island dans le Nord-Ouest des USA à la frontière canadienne. Généralement ce type de VAQ embarque sur un bateau avec une dotation de cinq machines.

Des visites à répéter

Ce déploiement qui surprit tout le monde tant le secret avait été bien gardé, revêt une signification surement particulière en ces temps de guerre en Ukraine. Alors que l'OTAN semble être sortie de son «état de mort cérébrale» depuis le 24 février dernier, le principe d'allié a repris de la vigueur, et chacun redécouvre les vertus du travail en équipe.

D'un point de vue plus léger, il est à espérer que les marins américains découvrent avec gourmandise le caramel au beurre salé, les galettes de sarrasin, et s'émerveillent des paysages bretons, pour que l'idée de revenir s'entraîner plus régulièrement à Landivisiau germe dans leurs esprits.